L’industrie chimique et pharmaceutique: un moteur de croissance

Avec ses taux de croissance supérieurs à la moyenne et son poids important dans la performance économique nationale, l'industrie chimique et pharmaceutique fait partie des branches les plus compétitives de Suisse. Si l’on souhaite préserver durablement cette dynamique, il faut veiller à ce que les réglementations étatiques n’empêchent pas l’exploration de nouveaux domaines de connaissances.

L'industrie chimique et pharmaceutique affiche des taux de croissance supérieurs à la moyenne et sa part de valeur ajoutée ne cesse de progresser dans la performance économique nationale. La branche joue donc de plus en plus un rôle moteur de l'économie suisse. Ces 25 dernières années, la valeur ajoutée brute réelle de l'industrie chimique et pharmaceutique a augmenté en moyenne de 6,4% par an, contre 1,5% pour l'ensemble de l'économie.

En 1980, l'industrie chimique et pharmaceutique contribuait encore à hauteur de 1,2% à la valeur ajoutée nationale. En 2021, cette part est passée à 8,7%, une progression due en grande partie à des changements structurels. Sur ces 30 dernières années, on a vu la branche axer de plus en plus sa stratégie sur des spécialités, ce qui a assuré à nos membres une présence mondiale et souvent des positions en pointe sur les marchés.

Effectifs en recul – augmentation de la proportion de femmes

L'évolution de l'emploi observée ces 25 dernières années présente une image différente : rapportée au nombre total des personnes actives en Suisse, la proportion de personnes occupées dans l'industrie chimique et pharmaceutique a diminué entre 1985 et 2021, passant de 2,2 à 1,4%. Alors qu'en 1985, quelque 89'990 personnes travaillaient encore dans cette industrie, elles sont aujourd'hui environ 77'500.

Ces derniers temps, le nombre de personnes actives dans la branche se redresse à nouveau légèrement. Quant au taux des femmes, il augmente régulièrement depuis l'an 2000. Actuellement, il est de 36 pour cent dans le secteur chimie, pharma et sciences de la vie, qui compte une proportion plus élevée de femmes que d'autres branches à des postes de direction moyens et supérieurs. Cela s'explique notamment par l’orientation plutôt internationale du secteur, considéré souvent comme un point fort de la politique du personnel en matière de diversité et d'inclusion.

Hausse de la production et forte capacité d’innovation

L'évolution en sens contraire de la valeur ajoutée et de la population d’actifs dans l'industrie chimique et pharmaceutique est due principalement au progrès de la productivité et à une activité innovante soutenue. En témoigne, notamment, le nombre de demandes de brevets déposées par la Suisse auprès de l'Office européen des brevets (OEB) : en 2021, il a de nouveau augmenté (+3,9%), pour atteindre 8442, un nouveau record. La Suisse reste le pays où la productivité est la plus élevée en matière d’inventions.

Pour innover et pour relever les défis actuels et futurs des industries des secteurs chimie, pharma et sciences de la vie, la mise en place de conditions cadres favorisant l'innovation est indispensable. Les blocages, voire les interdits technologiques, ont des conséquences fatales. Ils nuiraient au pôle de recherche local et feraient reculer la Suisse face à la concurrence internationale.

Importance croissante du commerce extérieur

Suite à la commercialisation à l’échelle mondiale de produits spécialisés, le commerce extérieur a gagné en importance. Pour les produits de la branche chimique et pharmaceutique, le débouché intérieur suisse est très modeste: les entreprises réalisent l’essentiel de leurs chiffres d'affaires à l'étranger et n’écoulent dans notre pays que 5 pour cent de leur production. En 2021, leurs ventes extérieures ont totalisé environ 131 milliards de francs, soit plus de 50 pour cent de l’ensemble des recettes à l'exportation de la Suisse.

L'industrie chimique et pharmaceutique est donc aujourd’hui la branche numéro un du commerce extérieur en Suisse. Sur ces 20 dernières années, en moyenne, ses exportations ont augmenté en valeur de 13% par an, soit une progression de près de 265% sur la période 2001-2021, correspondant à une orientation de plus en plus spectaculaire des entreprises chimiques et pharmaceutiques vers l'exportation.

Haut degré de spécialisation - succès sur les marchés de niche

Leur haut degré de spécialisation permet aux grandes multinationales du secteur de la chimie, de la pharmacie et des sciences de la vie d’écouler beaucoup de produits à l'étranger. Parallèlement, de nombreuses PME appliquent avec succès une stratégie de niche qui leur ouvre l’accès au marché mondial.

En observant l'évolution des exportations dans les sous-branches, on constate une hausse supérieure à la moyenne parmi les produits pharmaceutiques, les vitamines et les produits de diagnostic. Au cours de ces 20 dernières années, le commerce extérieur de ces produits a augmenté d'environ 400%. Leur part aux exportations totales de l'industrie chimique et pharmaceutique est passée de 66% en 2001 à 83% en 2021.

Dans d'autres domaines, en revanche - comme les matières premières et de base (+157%), les produits agrochimiques (+24%) et les substances colorantes (-41%) - les exportations ont évolué de manière très inégale ces 20 dernières années. Cela montre en tout cas l’importance grandissante de certaines d’entre elles dans la branche chimique et pharmaceutique.

Les industries du secteur chimie, pharma, sciences de la vie ont prouvé leur résistance à la crise lors de la pandémie de Covid-19. Souvent, seul le développement de processus ou de produits innovants permet de maîtriser une crise. Les crises mondiales renforcent la pression à l'innovation sur des entreprises exposées à la concurrence internationale. Grâce à la spécialisation et aux investissements conséquents consentis dans la recherche et le développement par nos membres - plus de 40% du total des fonds de recherche privés en Suisse - il est désormais confirmé que les industries de la chimie, de la pharmacie et des sciences de la vie sont bien positionnées, même en période difficile.

> Découvrez ici l'éditorial et le prélude à une série d'articles de notre directeur Stephan Mumenthaler à l'occasion du jubilé de scienceindustries, chimie, pharma, sciences de la vie.