Aperçu des systèmes alimentaires durables / position scienceindustries

Le monde est confronté à des défis environnementaux, économiques et sociaux. L'augmentation de la population mondiale à 10 milliards de personnes au cours des 30 prochaines années pourrait entraîner une hausse de 35 à 70 % de la demande alimentaire. D'autre part, plus de 800 millions d’humains souffrent aujourd'hui de malnutrition chronique et subissent au quotidien des pénuries alimentaires, tandis que plus de 2 milliards d'adultes sont en surpoids, dont plus de 650 millions reconnus comme obèses. La pandémie de Covid et le conflit en Ukraine ont encore aggravé la situation, avec une économie mondiale sous pression, des prix de l'énergie qui s'envolent et des chaînes d'approvisionnement mises à rude épreuve.

Dès lors, très grand est le besoin de systèmes alimentaires résistants et durables, capables de relever les défis de notre époque en assurant la sécurité alimentaire et en protégeant durablement la planète pour les générations futures. scienceindustries et ses entreprises membres veulent y répondre en faisant partie des solutions de demain et en proposant à cet effet des produits et des méthodes innovants capables de régler les problèmes qui se posent dans le secteur alimentaire et nutritionnel.

Contribution du secteur chimie, pharma et sciences de la vie à la durabilité des systèmes nutritionnels
Selon l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), un système alimentaire durable (en anglais sustainable food system SFS) est celui qui peut assurer une sécurité alimentaire pour tous sans compromettre les bases économiques, sociales et environnementales de la production alimentaire pour les générations futures.

Comme tout ses membres, l’association scienceindustries accorde une très haute importance à la thématique des systèmes alimentaires sains et durables. Grâce aux ressources et aux connaissances scientifiques dont elles disposent, nos industries peuvent apporter une contribution très utile à la conception de systèmes alimentaires plus durables et soutenir la mise en œuvre de l'agenda mondial du développement durable. Elles y parviennent d'une part en mobilisant leurs capacités scientifiques et d’innovation pour relever certains des plus grands défis mondiaux en matière de durabilité, d'autre part en fabriquant des produits conçus pour répondre aux besoins de la génération actuelle sans fragiliser les fondements dont auront besoin les générations futures.

Approche holistique indispensable
La compréhension qu’a le public de la complexité de la production agricole, de la gestion durable des ressources naturelles, du parcours des aliments de la ferme à la table, de la sécurité et de l'approvisionnement alimentaires ainsi que de la nutrition, est extrêmement fragmentée et souvent unilatérale. Or, pour pouvoir relever efficacement les défis d’un système alimentaire durable, les liens entre santé et durabilité doivent être pris en compte de manière globale dans une triple dimension humaine, économique et environnementale.

La durabilité est un élément fondamental pour garantir la sécurité alimentaire à long terme dans les limites imposées par l'environnement. La complexité inhérente des systèmes alimentaires nécessitera à l'avenir une approche beaucoup plus holistique aux niveaux local, national, régional et mondial, ainsi que des mesures coordonnées de la part de toutes les parties prenantes, qu’il s’agisse d’acteurs publics ou privés.

Des aspects tels que la responsabilité sociale des entreprises, la durabilité et l'économie circulaire font désormais partie intégrante de la gestion moderne des entreprises. Ce développement a donné des résultats positifs, surtout au cours des trois dernières décennies, tant dans les pays industrialisés que dans les pays en développement.

La Suisse doit rester un leader mondial en matière d’innovation
Les gains de productivité doivent être obtenus dans les limites des ressources naturelles disponibles, en veillant à ce que les pratiques aient le moins d’impact possible sur les écosystèmes, le climat et l'environnement. Cela passe par des technologies comme la fortification alimentaire et la réduction du gaspillage et des déchets alimentaires (emballages durables compris). La Suisse, qui fait partie des principaux pôles de recherche et d'innovation en Europe, doit saisir cette opportunité de jouer un rôle de leader mondial dans la conception active des systèmes alimentaires du futur.

Pour ce faire, elle a besoin, d'une part, de solides investissements dans la recherche fondamentale et la recherche appliquée et, d'autre part, de conditions-cadres favorisant la recherche et l'innovation. Cet objectif ne peut être atteint que si la société suisse demeure ouverte aux développements scientifiques et technologiques. Il est donc de la plus grande importance, pour l'économie privée, d'approcher activement le public et les décideurs et de mener un dialogue constructif avec les différents groupes d'intérêt.

Position de scienceindustries sur l’alimentation
scienceindustries soutient pleinement l'objectif visant à confirmer toujours plus le caractère durable de la production des denrées alimentaires proposées en Suisse et sur le marché mondial. Pour avoir un impact positif à long terme sur la durabilité des systèmes alimentaires, la future législation-cadre doit toutefois remplir trois exigences essentielles :

1. Ouverture à l’innovation
   L'innovation est un élément primordial de la transition vers une production alimentaire plus durable. En Suisse, innover dans le domaine de l'alimentation et de l'agriculture est devenu de plus en plus difficile en raison d'un cadre réglementaire de plus en plus restrictif. scienceindustries demande, au contraire, que ce cadre favorise à l’avenir le développement de nouvelles solutions et leur utilisation par les agriculteurs, les producteurs de denrées alimentaires et les consommateurs.
   
   Un système de durabilité performant et tourné vers l'avenir devrait encourager le développement et l'introduction de nouvelles technologies et de solutions innovantes. Pour cela, la science doit rester la pierre angulaire du processus décisionnel. Tous les acteurs, du producteur au consommateur, ont un rôle à jouer dans la transition vers des systèmes alimentaires durables. Notre branche s'est engagée à continuer de développer des outils pour une production alimentaire plus durable et une alimentation saine et nutritive.
    
2. Coordination internationale
   Les défis mondiaux réclament des solutions complexes et multilatérales. Nous encourageons les décideurs politiques à donner la priorité aux accords bilatéraux et multilatéraux dans la poursuite des objectifs mondiaux de durabilité. Des mesures unilatérales peuvent conduire à ce que des pays fixent des normes différentes et que la gouvernance mondiale s’en trouve encore plus fragmentée. Elles pourraient ainsi compliquer l'accès de la Suisse à d'importants marchés d'exportation, tout en augmentant les coûts pour les importateurs, les producteurs et les consommateurs suisses.
   
   Des exigences de durabilité imposées unilatéralement sont incapable de garantir des règles du jeu équitables et peuvent même aller à l'encontre des objectifs de développement durable des Nations unies. Les pays ont chacun des paramètres environnementaux et socio-économiques différents qui influent sur leurs systèmes alimentaires, ce qui donne des approches divergentes en matière de production alimentaire durable.
   
   Notre pays devrait s'efforcer de mettre en place un système de réglementation anticipatif et flexible, capable de réagir rapidement à l'amélioration des connaissances scientifiques, tout en minimisant les problèmes commerciaux potentiels — dus à des réglementations différentes — qui désavantagent les entreprises en Suisse.
    
3. Approche holistique au service de la durabilité
   Tout changement durable exige des solutions équilibrées et flexibles. La durabilité implique nécessairement un équilibre entre ses trois piliers : environnement, économie et société. Dans l’élaboration des politiques à suivre, l'un des principaux défis consiste à assurer le bon équilibre entre eux. L'importance accordée à chacun des piliers doit se refléter de manière équilibrée dans des propositions politiques de progrès. L'évaluation de la durabilité doit être scientifiquement fondée et s'appliquer de la même manière à tous les modèles de production.
   
   Le renforcement des trois piliers ne peut être obtenu que si les parties prenantes sont suffisamment flexibles pour prendre des décisions optimales en fonction de leurs particularités. Diverses voies doivent être prises en compte pour promouvoir la durabilité si l'on souhaite mettre au point des solutions appropriées.