Dossiers - Compétitivité
Commentaire du Handelszeitung : directeur Stephan Mumenthaler
Cinq demandes à la politique
05.10.2023
Dans la perspective des élections parlementaires, il est nécessaire de formuler cinq souhaits aux parlementaires.
Il va de soi que le Parlement est élu par tous les électeurs et que l'économie en soi n'a pas le droit de vote. Mais l'économie, c'est nous tous. Et beaucoup de ce que le Parlement décide au cours d'une législature concerne également l'économie : elle doit supporter et mettre en œuvre les décisions politiques. C'est pourquoi il est aussi dans l'intérêt de la société que la politique ne soit jamais faite en ignorant l'économie.
1. Plus de courage, de réalisme et de pragmatisme
On constate aussi clairement qu'en politique, on a tendance à se dérober devant les problèmes délicats. La mauvaise habitude politique consistant à résoudre des problèmes qui n'en sont pas et à ignorer les vrais problèmes doit être résolument combattue.
Qu'il s'agisse de la politique européenne ou de la garantie de l'approvisionnement énergétique et des œuvres sociales, il est urgent de trouver des compromis viables. La Suisse s'est longtemps distinguée par son pragmatisme. Il faut à nouveau cultiver cette qualité. La collaboration au-delà des frontières des partis est à nouveau nécessaire, plutôt que les guerres de tranchées idéologiques. La demande adressée au futur Parlement est la suivante : plus de courage, de réalisme et de pragmatisme.
2. N'oubliez pas les coûts
Il ne suffit pas d'imprimer une nouvelle loi sur papier. Quelqu'un doit la mettre en œuvre, et c'est souvent l'économie. Cela entraîne des coûts, et plus une disposition est complexe et détaillée, plus la charge de travail est importante. Les coûts ne sont peut-être pas visibles, mais finalement, nous les supportons tous ensemble. C'est pourquoi il faut bien réfléchir à ce qui est vraiment nécessaire et proportionné pour chaque acte législatif. L'exigence ici est la suivante : n'oubliez pas les coûts !
3. Moins, c'est souvent plus
Comme en médecine, l'efficacité ne va malheureusement pas sans effets secondaires. Ainsi, la poursuite d'un objectif peut nuire à d'autres objectifs. Ainsi, la réglementation croissante entraîne également des coûts non monétaires importants. C'est pourquoi les interventions - si elles sont nécessaires - doivent être aussi sélectives, ciblées et simples que possible. L'appel aux futurs parlementaires : faites moins au lieu de faire plus !
4. Renforcer le système de milice
Le Parlement suisse fonctionne depuis toujours selon le système de milice, et cela a été jusqu'à présent l'une de ses grandes forces. Dans l'idéal, le système de milice veille à ce que les connaissances et l'expérience de l'économie et de la vie civile puissent être intégrées dans la politique. Mais cela ne fonctionne que si l'on fait effectivement de telles expériences et/ou que l'on dispose de connaissances spécifiques avant d'aspirer à des fonctions politiques. Pour le dire plus simplement : celui qui ne sait rien et ne peut rien n'a pas sa place au Parlement, mais devrait acquérir les compétences nécessaires ailleurs.
Si l'on regarde le Parlement actuel, on voit de plus en plus de carrières qui mènent directement de l'université à la politique et qui poursuivent d'éventuelles activités professionelles auprès de l'Etat ou dans des ONG. On est tenté de parler de politique hors-sol. La politique doit connaître la réalité qu'elle tente de réguler. C'est pourquoi il est plus que souhaitable que les activités professionnelles des parlementaires aient un lien avec l'économie. L'exigence est ici la suivante : Renforcer le système de milice.
5. Croire en l'avenir
La politique consiste à façonner l'avenir et non pas à glorifier et à préserver le passé. La politique devrait de nouveau permettre et non empêcher. Beaucoup trop de textes législatifs interdisent, limitent et renchérissent. Il convient de mentionner ici l'empêchement ou la limitation des nouvelles technologies, de la 5G aux nouveaux procédés génomiques.
Nous gênons et freinons ainsi nos entreprises et limitons les possibilités pour notre population. Une bonne politique tient compte des risques et saisit les opportunités. Cela peut paraître un peu usé, mais c'est ainsi : seule une politique qui croit en l'avenir peut le façonner - pour la compétitivité de notre économie et le bien-être de notre société. Croyez donc en l'avenir !
Dr Stephan Mumenthaler, directeur de scienceindustries, association économique Chimie Pharma Life Sciences